Les feuilles qui tombent (Libre)

La fraîcheur de la saison s'imposait doucement, me rappelant combien le temps pouvait être mauvais et l'air, froid. C'était très certainement dans des moments comme celui-ci que je me questionnais, que je laissais la mélancolie m'envahir un moment. Le ciel n'était pas encore tout à fait bleu, mais tendait à le devenir, le soleil montant toujours plus haut, caressant la cime des arbres et envoyant ses doux reflets me chatouiller le pelage. Même dans sa lumière, réchauffée, je sens le froid en moi, qui bouge, s'étend, me serre le cœur. C'est un des seuls moments de la journée où je m'autorise à penser à eux, où j'accepte de laisser mes larmes couler. Ils me manquent. C'était il y a une lune entière, déjà, mais la blessure est toujours aussi vive. Puis le froid me les as pris. Pas tous, oui, mais trop. Je me sens vide un instant, le regard vague, le vent jouant avec l'herbe et mes poils. Bientôt, je me re-lèverais, et ma journée commencera.
Mais je n'en ai pas envie. Il est encore trop tôt. Mais l'heure approche, et le camp s'éveillera bientôt. Alors je profite de cet instant comme je le peux, les yeux clos, la tête basse, tentant d'absorber la chaleur solaire pour m'en remplir, chassant de ma tête la nuit et mes fantômes. Une larme coule, puis je relève la tête. Le soleil est maintenant tout à sa place dans le ciel. Je m'éloigne de mon antre a petits pas, ma queue effleurant le sol. Des oiseaux chantent, quelque part, les nuages s'éloignent et les feuilles continuent de tomber.
C'est une nouvelle journée qui commence.