Ces souvenirs qui font de moi ce que je suis..
Mon histoire ? Elle est heureuse, c'est sûr. Malgré l'acharnement de la vie contre moi, malgré tout ce que j'ai pu traverser, à présent, quand je regarde derrière moi, je suis fière de mon parcours, de mes choix. Parce qu'ils ne 'mont pas toujours mené vers un bonheur facile, mais je n'en ai pas honte...
Je suis née sous les étoiles, dehors, et non dans la pouponnière, m'a-t-on dit. C'était un soir d'été, il faisait chaud, et l'air pesait sur chaque chat, incitant à l'inactivité.
Nous étions trois... Le premier, ce fut mon frère, un petit chaton qui se tortillait pour atteindre l'air libre. Le second, c'était moi... Une chatte pas plus grande que son frère, qui poussait de petits cris apeurés.
Le troisième... Il est mort dans la nuit.
Puis nous avons grandi, mon frère et moi. Nous étions petits pour notre âge, notre mère étant dévastée par la perte de l'un de ses chatons, avait oublié de nous nourrir correctement. De plus, nous étions du clan de l'Espoir Eternel, le plus pauvre d'Isilrà...
Bref, tout ça pour dire que notre petite taille nous valait bien des moqueries, mais qu'y pouvions nous ? Moi, j'étais plutôt solitaire, rêveuse, la tête dans les nuages. Mon frère, lui, n'arrivait pas à s'évader, cédait aux chantages des autres chatons et prenait bien trop à cœur leurs moqueries... Il devint bien vite agressif, violent et turbulent. Je tentais de le raisonner, mais du haut de mes cinq lunes, je ne mesurais pas la gravité du problème... Il cherchait la bagarre et désobéissait sans arrêt. Moi, je pensais que ça allait passer avec son passage d'apprenti... J'avais tort.
Nous sommes passés apprentis au même moment, logique. Mais, au bout d'une lune, j'avais fait bien plus de progrès que mon frère. Celui-ci commençait à me détester pour cela, je ne savais plus quoi faire, alors je lui répétait invariablement :
-Si tu travaillais, tu serais bien plus doué que moi !
Un soir, après une énième dispute entre lui et moi, il s'enfuit dans la forêt. Anxieuse, j'étais allée chercher un guerrier pour lancer des recherches, car j'avais peur de ce qu'il pouvait se passer. Aussitôt, une patrouille partit à sa recherche.
On m'a dit qu'ils ne l'avaient pas retrouvé, mais moi, je sais que ce n'est pas vrai. A mon avis, ils l'ont retrouvé mort, et n'ont pas voulu me le dire...
Des trois chatons de la portée, il n'en resta qu'un, moi.
Ma mère, dévastée par la disparition de mon frère, devint impuissante, amorphe. Elle subissait la vie, se laissait emporter par le chagrin... Cela m'arrive aussi parfois, mais à chaque fois que je sens le découragement m'emporter, je pense à elle, à la faon dont elle a sombré et, comme je ne veux pas finir comme elle, je retrouve mon sourire...
Bref, la vie continue. Chaque jour, je voyais ma mère sombrer un peu plus, le souvenir de mon frère s'effacer... Alors je m'accrochais et je continuais à vivre du mieux que je pouvais. J'effaçais mes peines avec l'entrainement, je travaillais dur, aussi dur que je le pouvais, pour un jour devenir une guerrière.
Et je devins une guerrière. J'étais fière, tellement fière... Je me détachais de ma mère, je me détachais de tout, je pus enfin vivre avec la satisfaction d'un but atteint... Mais un évènement vint chambouler ce bonheur.
J'avais alors 14 lunes. J'étais une toute jeune guerrière, je souriais à la vie. Une vie qui fut chamboulée quand Wiaklya, l'assistante du présentateur des Hunger Games, déclara :
Pelage de Soie !
Ma première pensée fut : "Non, non, pas moi..."... Mais personne, bien entendu, ne se porta volontaire pour moi. Je me retrouvais donc, quelques aubes plus tard, dans l'arène.
Je n'avais aucune chance de gagner, mais pourtant je l'ai fait.
[justify]A peine arrivée dans l'arène, je suis devenue un monstre, une brute sans coeur. Je tuais des apprentis, je chassais, je réfléchissais sans laisser les sentiments m'envahir. Je faisais des alliances puis je les trahissais, et cela plaisait au clan Suprême, qui me soutenait donc. J'étais devenue la sauvageonne, la vedette de cette édition. Et je gagnai... Je fut accueillie en héroïne au clan Suprême, mais mon clan d'origine me détestait. Aujourd'hui encore, je suis réputée comme sanguinaire et sans cœur auprès des tributs de mon clan, j'ai beau essayer de changer mon image, rien n'y fait. En voyant dans les yeux de mes amis la haine et le rejet, j'ai décidé de m'exiler. Je ne mérite plus de vivre heureuse, car j'ai cédé à la sauvagerie.